• Ce matin-là, Sora se réveilla en sursaut. Un cauchemar ? Oui. En sueur dans son lit, il passa une main dans ses cheveux, puis se frotta les yeux. Il soupira. Son ex petite amie, depuis bien trop longtemps, restait gravée dans son crâne. Il n'arrivait pas à l'oublier. Ou bien, ne voulait pas. Il ne savait pas. Réprimant un grognement, il se leva. Son réveil n'avait pas encore sonné, qu'il était déjà debout. Discrètement, il alla prendre une douche froide. Non pas qu'il aimait le froid, mais au moins, cela pourrait mieux le réveiller. Sous la douche, le blond resta un moment sans rien faire, à se repasser le rêve. Ou le cauchemar. Il avait bien commencé. Il se revoyait dans les bras de son ex. Mais c'était à la fois douloureux et agréable. Les bras de la jeune brune lui manquaient. Non, elle n'était pas morte. Elle avait juste cassé car elle l'avait trompé. Et Sora l'avait vu de ses propres yeux. Seulement, en voyant le fameux amant de son ex, lorsque cette dernière était ensanglantée, gisante au sol, il n'avait rien fait. Il s'était contenté de regarder le corps de son amante. Elle aurait pu périr si personne n'avait appelé une ambulance.
  
  Le jeune professeur secoua la tête, fronçant les sourcils. Il fallait qu'il oublie cette fille. Elle ne faisait plus partie de sa vie. De plus, il n'avait plus eu de nouvelles depuis son séjour à l'hôpital. Le seul moyen de l'oublier, pour lui, était de coucher avec d'autres. Il n'avait pas plongé dans l'alcool. Il fumait ? Seulement de temps à autres. Quand il en avait envie. Il n'était pas accro. Mais lors de grosses déprimes, il ne pouvait s'empêcher d'en allumer une. Il sortit de la douche, une serviette autour de la taille. Des gouttes ruisselaient le long de son corps. Il n'était pas musclé au maximum, mais il avait quand même quelques bases. Un début de tablette ? Oui. On les sent surtout lorsque l'on tape dedans. Il n'avait pas de quoi se vanter. Le blond alla s'habiller. Un jean, et une chemise. Simple, non ? Il laissa ses cheveux sécher au vent.
  
  Sortant sous les premiers rayons de soleil, il se promena quelque peu. Il n'aimait pas les couloirs blancs du lycée. Trop simple, ou basique à son goût. Il avait largement le temps avant son premier cours. Il commençait à 10h, mais dormait dans le dortoir. Du moins, la partie professeur. Car il n'avait pas assez pour s'acheter son propre appartement. Pour s'enfuir dans son monde à lui, il se réfugia sur le toit. Son coin favoris. Certes, on avait, en grande partie, vu sur la ville. Mais dans un coin, on pouvait admirer la forêt qui s'étendait à perte de vue. Il sourit en prenant une grande inspiration. Il sentait les quelques rayons caresser son visage. Le jeune homme ferma les yeux, se laissant bercer par la légère brise. Ses cheveux volèrent, virevoltèrent, et s’emmêlèrent. Il s'appuya contre la rampe qui empêchait les élèves, et les professeurs, de tomber. Ce week end, pensa-t-il en son for intérieur, je vais me promener dans la forêt. Un large sourire se dessina sur ses lèvres, alors que la vue était à couper le souffle. Et s'il se concentrait surtout sur les bruits que font la nature... Il entendait les oiseaux chanter. Le bruissement des plantes dont il s'occupait. Il les arrosait et leur parlait chaque matin. C'était un passe-temps. Il aimait la nature. Il aimait son chant.
  
  Il y avait, sur le toit, quelques bancs. Le jeune homme s'assit sur l'un d'eux, et sortit son calepin à dessin. Il tenta de reproduire un des oiseaux posé sur la rampe de sécurité. Il sourit en l'entendant chanter. Ses compagnons le suivirent. Ils picoraient les miettes qu'il envoyait. Sora ne mangeait pas le pain du self. Il le laissait sécher, et, le lendemain, offrait aux oiseaux les miettes de ce pain. Il n'allait pas jusqu'à dire que ces animaux le connaissaient. Non, ils ne devaient pas se souvenir. Et ne devaient surtout pas avoir confiance en l'Homme. Mais cela ne le dérangeait pas. Il leur donna encore quelques bouts de pain, et se remit à les dessiner, joyeusement. Certes, ce n'était pas de l'art. Mais il voulait immortaliser ces oiseaux avec un crayon. Il ne voulait pas voir des photos. Pas là. Cela briserait la nature. Malgré cela, il réprima un soupire en voyant son dessin. Il n'était vraiment pas fait pour cela. Un rire nerveux s'échappa de sa gorge. Avant que la porte de grince et fasse fuir les oiseaux. Il fit volt-face.

La chose la plus stressante quand on entre dans une pièce et que l'on est dépourvu de la vue, c'est le mur d'en face. Damon su qu'il n'avait jamais eut aussi honte de sa vie. Il savait que ça allait être dure au début, mais pas à ce point. Il faisait un pas, il se cognait. A peine descendu de l'avion, il s'était vautré par terre. Heureusement qu'il avait amené une panoplie de canne prévu à cet effet. Sa mère aussi avait été prévoyante ; 10 paquets de sparadraps et de bandage. Il savait déjà qu'il était couvert de bleu. même avec sa canne, il se cognait car son excitation l'empêchait de ralentir le rythme et d'éviter des poteaux ou des murailles.

Le voyage s'était bien passé, il avait dormi très longtemps vu que le trajet se faisait toute la nuit. Il n'avait pas vraiment eut le temps de profiter du vol, il avait beau trouvé que le siège était très inconfortable, il s'était très rapidement endormi. Heureusement, il avait prévenu qu'il était handicapé. De ce fait, on l'accompagna de l'aéroport au lycée en voiture. Quel gentillesse... Damon s'était sentit euphorique dans la voiture et impatient de connaître son nouveau monde. Il tapait légèrement du pied, écoutant la radio que le conducteur avec activer. Ce n'était pas le genre de chose qu'il écoutait, mais il aimait la diversité. Il trouvait le rythme bon mais les instruments mal assemblé... Quel dommage. Quand la voiture s'arrêta, il s'immobilisa complètement paralysé. Le chauffeur lui ouvrit galamment la porte et Damon hésita. Allait-il regretter ? Il descendit avec précaution, dépliant en un coup de main sa canne. Il commença frénétiquement à balader de droite à gauche son outil. Il sentait les vibrations de la rues. Il avait un sourire béat coller sur son visage. On l'emmena dans l’accueil, on lui donna tout ce qu'il avait besoin : sa carte étudiant, sa clef de dortoir, et pleins de paperasse. C'était la première fois qu'ils étaient confrontés à un aveugle donc la procédure était un peu différente. Il fallait que Damon soit en sécurité et qu'il puisse suivre les cours sans assistance. On lui fit visiter les lieux, il prit rapidement ses marques, tâtant chaque mur pour se rappeler de la texture de chaque endroit. On le laissa ensuite dans sa chambre. Il avait comprit que le dortoir était séparé entre garçon et fille. Il fallait bien préserver l'intimité. Damon eut une chambre individuelle doté de rambarde et d'une grande simplicité pour sa sécurité. Ils avaient vraiment tout prévu... Il quitta son guide avec un sourire et commença à s'installer. Après son repérage, il posa son ordinateur portable sur le bureau et brancha son casque. Sa mère avait installer un système pour qu'il reconnaisse chaque touche et aussi une reconnaissance vocal. C'était un moyen de garder contact avec ses parents.

Après avoir ranger ses valises et s'être totalement habitué à la pièce, il décida de sortir. Canne à la main, l'air décidé, il s'aventura dans les couloirs de l'établissement. Selon les explications de son guide, il n'avait cours que le lendemain. Il pouvait faire un tour et apprendre à connaître les lieux. Il devait être très tôt, il n'entendait personne dans les couloirs. De temps en temps, de la musique mélodieuse et des voix s'entendaient quand une fenêtre était ouverte. Il se laissa guider par son instinct. Il montait, descendait, allait à droite, à gauche. Un moment, il montait de nombreuses marches, à tel point qu'il fatiguait. Il atteignit finalement une porte qu'il ouvrit. Il se crispa quand la porte grinça. Il entra ou plutôt sortit. Il sentit le vent lui fouettait le visage, faisant voler ses mèches. Il souri. Ça devait être un toit. Il s'avança prudemment avec sa canne, tel qui se connaissait il allait passer par dessus bord et mourir bêtement. Il avança à tâtons et ne sentit pas tout de suite la présence de quelqu'un d'autres. Il se cogna contre un des nombreux banc et lâcha un glapissement. Il se tint le genoux quelques secondes, la douleur le lacérant. C'était sûr maintenant, il allait avoir un énorme bleu. Il contourna le banc et s'assit en soupirant. Il étala ses jambes devant lui, respirant le bon air et profitant de cette pause improvisée.

« - Quel journée... J'ai les jambes en compotes... »

• Le jeune homme se tourna à l'entente du grincement de la porte. Un nouveau apparu. Il ne l'avait jamais vu auparavant. Cette personne semblait frêle. Et Sora sentit qu'il avait quelque chose de différent en lui. Sa teinture bleue peut être ? Ou ses yeux ? Oui, c'était ses yeux qui firent frémir notre professeur. Le regard de l'élève semblait vide. Il fixait un point invisible. Le blond su rapidement qu'il était aveugle. Mais il ne bougea pas pour autant, l'observant depuis le banc. Pourquoi ne pas l'aider ? Tout simplement car tout le monde devait lui tourner autour, le chouchouter afin qu'il ait toujours de l'aide. Mais s'il en a toujours, comment fera-t-il plus tard ? Il devait apprendre à réagir seul. Comme à ce moment. Sora ne bougea pas, il regarda le nouvel arrivant se débrouiller. Réprimant un soupir en le voyant se cogner un peu partout, il se dit que ce n'était pas gagné. Cet enfant devait avoir beaucoup été couvé pour cela.
  
  Le jeune homme aux cheveux bleus s'assit à côté de lui. N'avait-il donc pas remarqué sa présence ? Le blond se demanda s'il avait perdu la vue il y a peu de temps, ou s'il était né ainsi. Si ce dernier était vrai, alors il aurait dû sentir la présence de Sora. L'individu se détendit sur le banc, sous le regard surpris du professeur. Que faisait-il ? Il parla. Le blondinet regarda l'heure. Journée ? Il n'est même pas huit heure, manqua-t-il de lui crier. Il se ravisa. Après tout, il était nouveau. Inutile de le brusquer soudainement. Le corps de cet être devait être couvert de bleus. Vu les coups qu'il se prenait tout seul, Sora n'osa même pas imaginer son corps nu. Il secoua la tête pour effacer cette idée. Il s'était promis de ne pas coucher avec ses élèves. Même si ceux-ci peuvent être les plus attirants du monde. Malgré cela, il se surprenait toujours à observer secrètement quelques élèves avec beaucoup d'insistance. Notamment les hommes. Non, il n'était pas gay, mais bi. Seulement, certains élèves avaient encore un peau douce, un visage d'ange à cet âge-là. Alors que plus tard viendra la pilosité. Sora trouvait cela désagréable au touché, la barbe, la moustache, ou autres.
  
  Le blond observa le jeune, sans mot, sans bouger. Les oiseaux se reposèrent près de miettes de pain. Il y en avait encore assez pour eux. Sora décida de ne pas leur en donner plus que cela. Eux aussi doivent se débrouiller par eux même. Il se leva, et se posta en face de l'aveugle :
  
  « Vous êtes nouveau, non ? fit-il d'un ton neutre. Je suis votre professeur de musique. Et vous êtes actuellement sur le toit du lycée. Avez-vous l'autorisation d'y accéder ? C'est interdis. »
  
  Il avait beau ne pas voir, Sora n'allait pas le laissait désobéir au règlement. Malgré cela, c'était de sa faute. Il avait laissé la porte ouverte, et le jeune élève en avait profité pour entrer. Le blond n'allait pas être sans pitié. Mais l'aveugle devait avoir assez reçu de paroles douces jusqu'à aujourd'hui. Qui allait gronder un aveugle ? Personne, non ? Tout le monde s'inquiéterait pour lui s'il cassait la moindre chose. Il réprima un nouveau soupir.

Damon prit un temps pour retrouver son souffle, les battements de son coeurs tambourinaient dans sa poitrine, aussi il avait vraiment mal au jambes à force de monter toutes ses marches. Il tenait fermement sa canne entre ses doigts et ferma ses yeux. La brise était vraiment agréable et il ressentait l'ambiance agréable qu'il régnait dans cet endroit. Il se rendit compte bien vite après qu'il soit apaisé qu'il y avait une respiration en plus de la sienne. Il ouvrit les yeux, les oreilles aux aguets. Oui, c'était régulier... Un souffle. Il était tout proche. Il se mit à rougir faiblement. Venait-il de parler tout seul devant un témoin ? Il devait être passer pour un fou comme d'habitude... En plus il s'était cogné bêtement contre le banc. Il sentit de l'air sous ses pieds, et des piaillements d'oiseaux. Il se baissa doucement pour mieux entendre les oiseaux en oubliant la personne qui était à côté de lui. Les oiseaux avaient l’oreille musicale, comme les humains. Il se demandait : s'il fredonnait une mélodie, est-ce que l'oiseau répondrait la même mélodie ? Il soupira il ne fallait pas se voiler la face, les oiseaux ne font que ça dans les films. Il se demanda pourquoi ils étaient si près... Normalement, Damon n'arrivait jamais à être aussi près. Il se releva et constata qu'il semblait picorer le sol. Le bruit du bec contre le sol le mit sur la voix. Il reprit conscience qu'il n'était pas seul. Cela devait être cette personne qui avait donner à manger à ses animaux. Quel gentillesse....

« - Vous êtes nouveau, non ? Je suis votre professeur de musique. Et vous êtes actuellement sur le toit du lycée. Avez-vous l'autorisation d'y accéder ? C'est interdit. »

Damon sursauta. Il ne s'attendait pas à ce qu'on lui adresse la parole... Il ouvrit la bouche presque choqué. Et se remit à rougir fortement. A peine arriver, il avait déjà fait une bêtise. Et devant son futur professeur en plus. La boulette... En plus son soupire fit encore plus peur à Damon. Que devait-il faire ? S'excuser. Il se leva soudainement et s'inclina. Il se triturait les manches de son haut avec force, ne sachant pas quoi dire en premier

« - Je suis vraiment... Vraiment désolé ! Je ne ferais plus la même erreur ! »

Il s'inclina plusieurs fois avant de prendre sa canne à la main. Mais un problème subsistait. D'abord, il ne voulait pas écraser les oiseaux, même s'ils esquiveraient, il risquait d'écraser leurs déjeuners... Il resta planté un moment. De plus, il n'avait aucune idée d'où se trouvait la sortie. S'il suivait la logique, il devrait être tout droit en partant du dos du banc. Il eut un éclair de génie, il posa un de ses pieds sur le banc et sauta avec l'aide de ses mains. Il ne se rendit pas tout de suite compte que son pied s'était accroché au banc et que ce même pied fit tomber son corps la tête la première. Il lâcha un petit cri de surprise et un "Aie" quand sa masse corporel s'écroula douloureusement contre le sol. Il se releva doucement en se frottant le nez. C'est que quelques secondes plus tard qu'il sentit le liquide chaud qui coulait sur ses lèvres. Il reconnut de suite à l'odeur et au goût, l'horrible sang qui dégoulinait comme une fontaine de son nez. Il avait complètement oublié la présence de son professeur et lâcha lassé :

« - Je sais que je suis maladroit... Mais il y a des limites... »

Il fouilla dans sa poche et sortit un mouchoir blanc. Il épongea son sang qui continuait à couler à flot. Le nez est vraiment fragile. Il avait vraiment bien commencé la journée lui. Damon se maudit intérieurement. Mais ce n'est pas des bleu et un nez qui saigne comme une fontaine qui allait le faire reculer. Il était déterminé à étudier dans cette école !

• Sora observa le jeune homme. Il semblait préoccupé, perturbé qu'il lui adresse la parole. Il se triturait les manches. Les touchait, les relâchait, les pinçait, etc. Soudain, il se mit à s'incliner à plusieurs reprises, s'excusant. Il avait une voix mal assurée. Et aussi, les joues rouges. Sûrement dû au fait que le blond l'est surpris à parler seul. Ce dernier leva les yeux au ciel. Cet enfant était vraiment pas habitué à sortir. A connaitre le monde. A découvrir que l'Homme n'est pas si gentil que cela. Il est remplit d'hypocrites. De monstres sans coeur. Personne ne s'aime. La jeunesse d'aujourd'hui c'est Tu veux baiser avec moi ? Oui. On se rappelle pas, hein ? Non. Le véritable amour n'existe plus. Voilà la vision qu'avait Sora du monde. Ce monde qui l'avait en quelque sorte détruit. Cette vérité qu'il avait tant de mal à avaler. Ce cauchemar qui recommence chaque jour, qui ne termine jamais. Ce rêve dont on a envie de se réveiller.
  
  Après avoir secoué la tête pour effacer ses sombres pensées, il fronça les sourcils et porta son regard sur le jeune homme. L'élève semblait hésiter. Il ne savait pas où aller. Un aveugle devait se souvenir des chemins qu'il prenait, non ? A nouveau, le professeur soupira. Mais il resta là, bras croisés. Il voulait voir comment il allait se débrouiller pour sortir d'ici. Le concerné monta alors sur le banc et sauta par dessus. Cela aurait pu attirer l'attention de Sora, mais l'élève se pris les pieds dans le banc, et tomba la tête la première. Le blond se leva sur ses deux pieds, les oiseaux s'envolant à son approche. Il tendit la main par réflexe, comme s'il voulait le rattraper d'une douloureuse chute. En vain. C'était trop tard. L'enfant aux cheveux bleus percuta le sol. Le professeur resta quelques instants dans cette position, ne sachant que faire. Quand soudain, une envie de rire lui chatouilla le ventre. Ses joues se gonflèrent pour se retenir. La moquerie, c'est mal, retiens toi, pensa-t-il en son for intérieur. Malheureusement, son corps en décida autrement. Il explosa de rire. Il se plia en deux, riant de plus belle. Il avait mal à la gorge, et au ventre. Il n'avait pas autant rit depuis longtemps. Et pourquoi s'esclaffa-t-il pour si peu ? Peut être que la fatigue l'avait fait faire cela.
  
  Trouvant cela impoli, il tenta de se contenir, et s'approcha de son futur élève. Ce dernier s'était relevé entre temps, il avait sorti un mouchoir immaculé de sa poche. Sora n'avait pas encore remarqué qu'il saignait du nez, et, lorsqu'il s'en rendit compte, il tenta encore plus de faire taire son rire. Le tissu blanc changea rapidement de couleur. Le professeur sorti un paquet de mouchoirs qu'il gardait toujours sur lui. Il baissa la main du jeune homme pour observa son nez ensanglanté. Il ne semblait pas l'avoir cassé. Il le regarda un moment, et fit glisser un tissu dans sa main. Une fois de plus, il décida de le laisser se débrouiller seul. Il en profita pour observer ses iris. Elles étaient bleues. Unicolore. Assortie à ses cheveux. Sora avait vite compris ce qui l'avait gêné dans le garçon la première fois qu'il l'a vu. Ses yeux n'avaient pas de pupilles. Il semblait vide. Mais aussi attirant. Hypnotisant même. Sora secoua la tête. Je ne dois pas toucher aux élèves, se rappela-t-il. Il fit un pas en arrière :
  
  « Vous êtes vraiment doué, soupira-t-il. Je me demande comment vous avez fait pour survivre jusque là. »
  
  Il secoua doucement la tête.

Le sang coulait encore, et encore. Il se demandait quand cela allait finir. Et pour encore plus le rendre coupable, il entendait distinctement le rire de cet homme. Ce qui rendait légèrement en colère Damon. Il trouvait que rire d'une chute c'était une chose, mais rire aussi longtemps ? Il se sentit blessé. Il n'aimait pas ce professeur... Lui qui pensait qu'il était gentil. Il se moquait ouvertement de lui. Damon sentit quelque chose dans sa main, il tata l'objet et découvrit un autre mouchoir. Pourquoi lui donnait-il un mouchoir s'il trouvait cela si drôle ? Il ne savait pas comment réagir. Devait-il utiliser ce dit mouchoir ? Devait-il refuser en lui faisant comprendre sa nouvelle empathie pour lui ? Il sentit que son mouchoir était saturé de sang et que son nez était encore une fontaine. Tant pis. Il prit le mouchoir "gentiment" offert et le porta à son nez.

« -Vous êtes vraiment doué. Je me demande comment vous avez fait pour survivre jusque là. »

Damon fronça les sourcils. Il croyait quoi ? Qu'il le faisait exprès ? Il n'avait jamais demandé d'être aveugle ! Il ne savait même pas à quoi ressemblait le bleu, le jaune et le rouge. Après quelques minutes où l'aveugle rageait entièrement, pressé de quitter ce grossier personnage, son nez ne versa plus de sang. Il avait les mains et son tee-shirt couvert de son hémoglobine. Quelle perte de temps. Alors qu'il devrait être entrain de visiter où de parler avec ses parents au téléphone... Ils devaient attendre son appel avec impatience. Il pariait que sa mère n'avait pas fermé l’œil de la nuit. Il souriait à cette idée. Sa pauvre mère sans son enfant. Il épongea le sang qui restait avant qu'il ne sèche et reprit sa canne en main.

« - Et bien... Désolé, d'être aveugle et de vouloir quand même étudier la musique. Je vous rembourserais le mouchoir. »

Il ne voulait surtout pas lui redevoir quelque chose... Il savait qu'il ne devait pas donner l'impression à son futur professeur qu'il le déteste déjà, mais, il ne pouvait s'empêcher de lui faire sentir qu'il était hostile à son égard. D'habitude il aurait rit d'être tombé si bêtement, mais là, il le lui reprochait presque d'être si maladroit. Et en plus il ironisait ! "Vous êtes vraiment doué" ? Pff ! Quel odieux personnage ! Il ne le connaissait même pas ! Il aurait mieux fait de ne pas monter ses satanés marches. Cela lui aurait éviter de se faire mal et de se faire des ennemis, professeur en plus. Quel plaie. Ses mouchoirs pleins de sangs dans une des mains et sa canne dans l'autre, il se dirigea vers la porte en y allant avec prudence mais affirmation. Il n'avait eut aucun problème à l'aller, il n'aurait problème au retour. Il devait juste avancer tout droit. Il toucha la poignet du bout des doigts et l'ouvrit sans adresser une parole à ce professeur. Il espérait qu'il y avait plusieurs professeurs... Il ne voudrait pas s'attirer les foudres à cause de cette maudite rencontre. Et lui qui pensait qu'il paraissait gentil.

• Sora sourit en voyant le jeune homme utiliser son mouchoir. Malgré cela, il savait qu'il avait attiré toute la haine de l'élève. Son sourire ne s'effaça pas. S'il trouvait le concerné plutôt mignon, il valait mieux que ce dernier le déteste. Ainsi, cela lui éviterait de faire une énorme bêtise, et de briser sa promesse. De plus, il ne voulait pas blesser une personne qui semblait aussi... Faible ne serait pas le bon mot. Il ne voyait pas de mot approprié. Fragile ? Adorable ? Si protégée ? Le professeur de musique secoua la tête. Il ne voulait plus entendre parler d'amour. S'il se mettait à draguer ce jeune garçon, il s'en voudrait toute sa vie. Alors, pour ne pas continuer à fixer son regard plus longtemps, ses yeux glissèrent vers son nez ensanglanté. L'hémorragie avait enfin cessé. Mais il en avait partout. Son visage était couvert de sang sec. Et ses vêtements trempaient encore dans ce liquide chaud.
  
  Sora écouta les paroles du jeune homme. Il savait très bien que sa remarque ne lui avait pas plu. De nouveau, son regard se tourna vers le ciel. Un oiseau volait, haut dans le ciel. Si seulement il pouvait pousser des ailes dans le dos du blond, ce serait merveilleux. Il avait toujours rêvé pouvoir voler, s'enfuir dans la forêt, sentir le vent s'engouffrer dans son cou, humer les multiples odeurs qui l'entouraient. La porte grinça. Cela le fit retomber sur terre. Il ne rêvait plus. L'élève aux cheveux bleus allait partir. Pour aller où ? Leur rencontre allait s'arrêter là ? Du moins, leur première discussion. Si on pouvait appeler cela une conversation. Par réflexe, il lui attrapa le bras. Et, se rendant compte qu'il n'avait aucune excuse pour le faire, chercha rapidement un prétexte :
  
  « Vous n'allez tout de même pas retourner en bas ainsi ! s'exclama-t-il. J'ai une chemise dans mon sac, je peux vous la prêter si vous le voulez. »
  
  Il se rendit vite compte de son erreur. L'élève pouvait parfaitement refuser. Sora le regarda dans les yeux, même si celui-ci ne voyait pas, il ne voulait surtout pas détourner les yeux devant lui. Pas que sa beauté déstabilisait le blond, mais qu'il préférait recevoir un refus en face. Il ne mentait pas, sa chemise était dans son sac. Il la prenait toujours au cas où il aurait trop transpiré la matinée. Vous trouvez cela idiot ? Venez au lycée avec des auréoles sous les bras, et vous entendrez les élèves se moquer de vous. Il lâcha le bras du nouveau, et fit un pas en arrière. Il ne devait pas le retenir alors qu'il lui avait dit de partir.

Il voulut continuer à ouvrir la porte mais un bras le retint. Il tira un instant avant de se rendre compte que c'était le professeur qui le retenait. Quoi ? il voulait encore l'embêter ? Il essaya de se détacher un instant avant d'entendre sa déclaration. Il se stoppa et releva la tête pour se tourner vers lui. Hein ? Qu'est-ce qu'il avait dit ? Il fronça les sourcils presque choqué. Était il méchant ou gentil à la fin ? On aurait dit qu'il passait du coq à l'âne en un tour de main. A moins qu'il soit un manipulateur passer maître dans l'art. Il devait vouloir se racheter, mais Damon ne pouvait s'empêcher de trouver ça gentil. Et c'est étonnant d'avoir une chemise de rechange sur soit... A moins que ce soit courant chez les professeurs. Il ne sentit plus la poigne du professeur autour de sa main. Il attendait sans doute une réponse. Que devait il répondre ? Oui ou non ? Il toucha son haut et sentit avec sa main le liquide qui avait fait virer son tee-shirt en rouge sang. De plus celui ci lui collait à la peau en séchant. C'est vrai qu'une chemise ne serait pas de refus, mais en même temps... S'il descendait il trouverait aussi des vêtements de rechanges. A mais on risque d'accourir en le voyant couvert de sang. Il frissonna à cette idée. Il ne voulait pas qu'on appelle ses parents. Si la personne responsable de son inscription décide qu'il n'est pas assez en sécurité, Damon risque de vraiment s'en vouloir. Il faut que personne ne le sache, à part ce professeur. L'aveugle réfléchit un long moment avant de relever la tête et d'annoncer d'une petit voix :

« - Je... Je veux bien... »

Peut-être accepter était une erreur, mais au moins il ne verrait pas ses parents horrifiés devant tout ce sang. Eux qui l'avait toujours protéger dans leurs maisons. Il se souvenait de chaque détail de son foyer, chaque meubles, chaque odeurs. Il se souvient qu'une fois son père lui avait fait une blague, et avait déplacer tout les meubles. Il faut dire que ça l'avait déstabilise mais qu'il arrivait encore à se repérer grâce à la texture des murs, aux sons et aux odeurs. Toute façon, il n'aura pas à se souvenir de ce toit, vu qu'il était interdit apparemment. Il réussit à prendre la manche du professeur avec un sourire fier. Comme ça il n'aurait pas à se perdre !